Ortie, pourquoi piques tu ?

L'histoire du Yorti

Tout à commencé, une nuit de pleine lune A cette époque j’étais berger, en transhumance dans le Dévoluy. Comme d’habitude les brebis avaient fait leur plein de sel près du chalet. Elles étaient reparties vers leur couche. L’on pouvait entendre  encore quelques sonnailles au loin. La nuit était belle, la soupe d’ortie mijotait. Au loin le pic de Bure était majestueux dans cette nuit étoilée. 

De l’autre coté, le col des Aiguilles avec son reste de neige, m’en mettait plein les mirettes.

Que c’est il passé à ce moment là, je ne saurai le dire (et cela m’arrange bien).

Les lacets de mes chaussures cassent, me voilà seul au beau milieu de la nuit. Ce qui me permet d’avancer me lâche, rien pour réparer. Que faire ? Tout d’un coup, une voix dans la nuit m’appelle. Non ! Elle ne va pas me demander de lui dessiner un mouton.

Ouf ! Non, sinon il y avait plagia. Elle, ou  plutôt il, voulait savoir si en échange de lacets hypers costauds, il pouvait se délecter de cette soupe d’ortie aux parfums envoûtants. Voilà ma première rencontre avec le ”Yorti”.

Nous nous mîmes à table, dehors, au pied du chalet, la tête dans les étoiles  il commença à me raconter l’histoire des siens et de leur amie « Dame Ortie »

«  C’était hier, sur une partie de notre terre (ce que nous appelons l’Inde aujourd’hui) vivait une tribu ”les Tis indiens”. Scindée en deux groupes, les   ”Yors Tis” et les”Yés Tis”. Les ”les Tis” vivaient paisiblement, la nature luxuriante n’offrait que des plaisirs.

Et puis vint un cataclysme. Pour survivre les ”Tis Indiens” se réfugièrent dans les montagnes (L’Himalaya actuel). Les ” Yés Tis” très rudes et fort poilus s’installèrent sur les sommets.

Les ”Yors Tis” plus vulnérables, plutôt imberbes, choisirent de vivre plus bas, entre 1500 et 3000 mètre, là où poussait et pousse toujours « Géradinia Diversifolia », une grande urticacée très riche en fibre. Ils apprirent les techniques pour en tirer un fil très résistant (le même qui m’a été offert, pour remplacer mes lacets défectueux). Ils tissèrent des vêtements très costauds et chauds. Cette plante aussi très riche en protéines, minéraux, oligo-éléments et vitamines, les aidèrent à survivre, à vivre et à bien vivre.

Puis l’homme arriva. Les ”Yortis” se firent tout petits pour ne pas être vus. »

C’est l’histoire que m’a conté un ”Yortis” rencontré une nuit de pleine lune dans un ” pré aux Orties ”.

Ensuite j’appris un peu de leur art culinaire, avec « Dame Ortie ».

Devant la soupe d’Ortie encore fumante, mon nouvel Amis m’expliqua  pourquoi l’Ortie piquait.

"Il y a trèèèès très longtemps, bien avant …

L’Homo désherbus chimicus,

L’Homo cantonnierus débroussaillus

(Le plus terrible prédateur des haies)

et les autres.

Il était une plante magnifique aux vertus extraordinaires, qui poussait près des hommes et des animaux. Elle les nourrissait et les soignait, tant et si bien qu’un beau jour la plante miraculeuse alla se plaindre au bureau des jardins planétaires.

Elle y rencontra le « Grand Yorti », »Dis donc « Grand Yorti », l’on m’a fait belle et attirante, je soigne les hommes et leurs maux, je nourris leur bétail. Mes fibres les habillent et les protègent du froid. Malgré tout cela, ils m’arrachent sans ménagement et je disparais progressivement. « 

Le « Grand Yorti » se trouva fort embarrassé. Mais en tant que grand ami des plantes qu’il était, il promit à dame Ortie de réfléchir à son problème et de lui trouver une solution.

C’est depuis ce jour, que l’Ortie pique et brûle celui qui l’arrache sans lui montrer de respect, que ses fleurs autrefois jaunes d’or sont devenues pâles et discrètes."

 

 Source: 

http://www.lesamisdelortie.fr/lhistoire-du-yorti/

Illustrations :

 Eliane Haroux Métayer

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